Le cut
The Galway rambler (reel)
Autres termes : "grace note", "appogiature"
Un cut 'coupe' une note afin qu'elle soit plus incisive, ou détache deux notes identiques (sur instruments à souffle plus ou moins continu : cornemuses, flutes...).
Le principe : une note est coupée avec une note plus aigüe, sur accordéon diatonique c'est principalement le bouton adjacent inférieur sur le clavier (donc le plus souvent une tierce), mais cela fonctionne toute note plus aigüe, cette note étant alors adaptable selon différents paramètres, par exemple la tonalité du morceau. Si la note est plus grave, je l'appelle "slide".
En musique traditionnelle, le cut tombe le plus souvent sur le temps pour obtenir l'effet voulu : un effet rythmique ; comme tout ornement sa réalisation demande patience et persévérence pour une réalisation très précise.
Musiciens à écouter : presque tous en musique irlandaise ; les joueurs de cornemuses (écossaise, biniou, 18 pouces, gaïta etc), les flutistes...etc etc
Le mordant et le pincé
Hanter dro (notation des mordants en décomposé)
Mordant supérieur, voici comment il se note :
Une note, le bouton adjacent inférieur (ou n'importe quelle note plus aigüe), puis la note initiale. Les deux premières notes sont exécutées le plus rapidement possible, la dernière est la plus longue des trois. Le mordant n'ornemente qu'une seule note, ce qui veut dire que les trois notes en remplacent une seule.
Le mordant en musique traditionnelle s'exécute dans la très grande majorité des casntrès précisément sur le temps, le but étant de "mordre" la note, la rendre incisive...bref, ajouter un accent autrement ou en complément d'un coup de soufflet.
Attention aux coups de soufflets qui accompagnent le mouvement de doigts ! Un mordant n'est pas systématiquement accompagné d'un coup de soufflet, essayez donc de le réaliser en retirant votre main gauche de la courroie, le soufflet tombant naturellement grâce au poids de la partie gauche, et concentrez-vous dans un premier temps sur vos doigts. Et n'oubliez pas d'essayer avec coups de soufflets, le tout étant d'avoir conscience de votre soufflet pour la réalisation du mordant.
Accordéonistes à écouter : Alain Pennec, Yannig Noguet, Janick Martin
Le pincé :
Le principe d'exécution du pincé est le même que pour le mordant. La différence est qu'au lieu de choisir une note plus aigue pour l'ornement on choisit le demi-ton ou le ton inférieur. Il n'y a donc pas d'astuce propre à l'accordéon diatonique pour sa réalisation, il faut se fier à son oreille ou au solfège et connaître son clavier.
Pour exemple, pour un pincé sur le bouton 7' tiré (ré) on jouerait en tiré 7' - 8 - 7' (ré - do - ré). Alain Pennec utilise ce pincé très souvent.
Les "triplets"
Flowers of red hill (reel)
Ton simple plinn
Trois notes identiques : deux doigts, trois doigts
Il n'y a aucune convention de notation qui en fait un ornement, peut-être une lacune à combler ? Cela se note tel que c'est interprété, souvent en double-croches.
Même si au début trois notes identiques sont plus facilement réalisables avec le même doigt, il faut tenir compte de la vitesse et de la précision. Qu'on joue trois notes identiques, en ornement ou non, il est préférable de changer de doigts. Pour cela toute combinaison fonctionne, mieux vaut décider au plus tôt d'une façon de faire, la travailler correctement et acquérir des automatismes, avant d'essayer une autre façon de faire.
Pour les triplets à deux doigts j'utilise le plus fréquemment 'majeur-index-majeur', je pense mon doigté au préalable pour attaquer la note que je veux ornementer avec le majeur. Si vous n'êtes pas à l'aise avec les changements de doigtés, il faudra donc travailler différentes combinaisons : 'index-majeur-index', 'annulaire-auriculaire-annulaire'ou encore 'auriculaire-annulaire-auriculaire', voire 'pouce-index-pouce' pourquoi pas ?
Pour les triplets à trois doigts, j'utilise surtout la combinaison 'annulaire-majeur-index', mais là aussi il y a d'autres combinaisons, ce qui est plus facile pour quelqu'un ne l'est pas forcément pour d'autres ! Certains vont préférer 'index-majeur-annulaire'.
L'idéal serait bien sûr d'être à l'aise avec toutes les combinaisons possibles, mais en pratique cela ne sert pas forcément.
Accordéonistes à écouter : Sharon Shannon, Sean og Graham, Damien McKee par exemple.
Triplet avec deux notes identiques
The green gates (reel)
Le petit moulin (hanter dro an dro)
On le trouve de plus en plus, mais il reste encore marginal ! Sharon Shannon l'emploie régulièrement.
En général les deux premières notes sont doublées, et la troisième est différente. Cette troisième note est libre, ça peut être le demi-ton inférieur, supérieur, le ton supérieur, l'octave...
La troisième note est soit dans le même sens de soufflet que les deux premières, soit dans un sens différent (il faut y penser, ça ne paraît pas très naturel au début).
Accordéonistes à écouter : Sharon Shannon, Conor McCarthy
Triplet induit, ou "incomplet"
A fig for a kiss (slip jig)
Un simple changement de doigts sur une note. Je l'appelle induit, puisque à l'oreille on peut avoir l'impression que c'est un triplet complet, alors que ce n'est pas le cas.
Accordéonistes à écouter : Sharon Shannon, Conor McCarthy
Cut & triplet
Spoil the dance (reel)
Combinaison d'un cut et (pour moi) d'un triplet à deux doigts.
Accordéonistes à écouter : Mairtin O'Connor, Damien Mullane
le demi-roll
Trip to Pakistan
On l'utilise en général pour ornementer trois notes identiques. C'est simplement un "cut" entre les deux premières notes. Je l'appelle demi-roll puisque j'utilise un doigté spécial : première note avec le majeur, le cut avec l'annulaire, puis la note avec l'index, et enfin la dernière note avec le majeur.
Sans faire ce doigté : je conseille de changer de doigt entre l'avant-dernière et la dernière note afin de pouvoir l'exécuter de façon précise.
Accordéonistes à écouter : Dermot Byrne, Damien Mullane, Donal Murphy, Murty Ryan
le roll ou "short-roll"
Pigeon on the gate
Pour détacher trois notes identiques. Les deux premières sont détachées par un cut, les deux dernières avec une note plus grave, souvent en accordéon le demi-ton inférieur.
Accordéonistes à écouter : Joe Burke, Billy McComiskey, James Keane
Le "long-roll"
The geese in the bog
Là aussi on l'utilise pour détacher trois notes identiques, mais les trois notes se "transforment" en cinq notes bien distinctes : d'abord la note, une note plus aigüe (un ton ou un demi-ton la plupart du temps), la note, une note plus grave (un ton ou un demi-ton la plupart du temps), et la note.
Les quatres premières notes sont des double-croches.
Accordéonistes à écouter : Joe Derrane
Le slide
Nag en tu all da Bariz (gavotte du Bas-Leon)
Drummond castle (jig)
Un peu le même principe que le cut. Un note est 'attaquée' avec son demi-ton inférieur (le plus souvent), héritage du glissé 'bluesy' d'une touche noire vers une touche blanche au piano, parfois avec le ton inférieur. Le slide se place sur le temps, pas avant.
Accordéonistes à écouter : Mairtin O'Connor, Sharon Shannon, Dermot Byrne, Donal Murphy, Damien McKee
Le "cranning" ou "ostinato"
Danse Kef
Tommy Peoples' (reel)
Technique empruntée au violon, jeu en 'double-cordes'. Une note est gardée en bourdon pendant que la mélodie continue. Il est intéressant de s'intéresser au combinaisons possibles au violon (par exemple, quand la corde de mi est gardée en bourdon, il est possible de jouer la si do ré sur la corde de la).
J'ai entendu ce terme quelques fois, mais je pense que le "cran" est avant tout un ornement de uillean pipe. Je crois qu'on appelle cela un ostinato en musique savante.
Accordéonistes à écouter : Sharon Shannon, Dermot Byrne, Mairtin O'Connor
Tierces, sixtes, quartes, quintes
Sean Ryan's (jig)
Tierces et sixtes mineures ou majeures. Il faut simplement penser à en travailler quelques-unes et en intégrer dans son jeu de temps en temps.
Accordéonistes à écouter : Dermot Byrne, Mairtin O'Connor
Les double-stops
Kesh jig
Héritage d'une technique de violon, qui consiste à jouer une note avec son octave inférieur ou supérieur. En musique traditionnelle, les violonistes utilisent fréquemment le ré (corde de la) avec le ré (corde à vide), le la (corde de mi) avec le la (corde à vide) ou encore le sol (corde de ré) avec le sol (corde à vide). C'est intéressant à connaître pour le rapprochement des lignes mélodiques quand on joue avec un violoniste.
Sur diato, on peut jouer toutes les notes avec son octave inférieur et/où supérieur.
Accordéonistes à écouter : Sharon Shannon, Mairtin O'Connor, Dermot Byrne
Les triolets - double-croches
The rights of man (hornpipe)
Il est assez difficle d'avoir une notation des "triolets". Ce ne sont parfois pas des triolets au sens académique du terme, mais le terme reste parlant. En effet, tout dépend de l'interprétation :
- Interprétation binaire :
- Un "vrai" triolet : l'effet est mélodique
- Double-croche / double-croche / croche : l'effet est rythmique plus que mélodique.
- Interprétation ternaire :
- Quand deux croches se "transforment" en noire + croche, le "triolet" correspond simplement à trois croches.
- Certains arrivent à avoir suffisamment de précision pour avoir double-croche / double-croche / noire : effet rythmique
Il existe de très nombreuses combinaisons. On peut les utiliser pour ornementer un intervalle de tierce, par exemple un enchaînement de deux croches si et ré qui devient si-do-ré. On peut imaginer toutes sortes de mouvements conjoints de ce genre.
On peut également imaginer des mouvements disjoints, par exemple en tierces : la-do-mi.
Accordéonistes à écouter : Joe Derrane, Johnny og Connoly, Dermot Byrne
En "musiques de l'Est"
Les musiques de l'Est...ça ne veut pas dire grand chose...chaque région de chaque pays ayant des particularités, des modes différents, des danses différentes, des rythmes différents, des instruments différents...etc etc...
Je m'y intéresse assez peu. Si on enlève l'ornementation très riche de ces musiques, je trouve que ça n'a plus vraiment de sens, ça devient simplement des "gammes" ("échelles") différentes avec des rythmes différents...mais sans âme.
Voici quelques ornements que j'ai recensés pour le peu que je m'y suis intéressé. Ces ornements sont difficilement "jouables" sur diato ; en tous cas, très durs à réaliser à vitesse d'exécution réelle. Désolé pour les accros à la tablature, écrire ces ornements me demanderait trop de temps...
Bandura (valse ukrainienne)
Une note, Le ton ou le demi-ton inférieur, puis de nouveau la note. Deux cas : soit c'est la première note qui tombe sur le temps, soit c'est la dernière.
Bandura
Cet ornement imite le "tremolo" d'un violon ? Il s'agit d'une note, son demi-ton supérieur, la note, son demi-ton supérieur et la note pour finir. Parfois on part directement du "premier demi-ton supérieur" sans faire la première note.
Synthèse
Hava nagila (air Yiddish) : voir la vidéo précédente pour l'aperçu.
Un ornement supplémentaire pour cette synthèse. On le trouve sous deux formes :
- Demi-ton inférieur, tierce supérieure (une tierce pour que l'ornement "claque"), la note.
- Même chose que précédemment avec après la dernière note : demi-ton inférieur, ton inférieur, demi-ton inférieur, la note.
Accordéonistes à écouter : Roberto de Brasov, Trio Dobrogea
Ma façon de faire...
Vous avez peut-être remarqué que j'utilise peu l'auriculaire. Je joue depuis longtemps, et ai forgé mon propre style de jeu, j'ai mes goûts, mes capacités et je fais avec !! Je préfère déplacer ma main sur le clavier pour avoir les doigtés qui me conviennent.
Dans le cadre d'une étude rigoureuse afin d'être un "monstre de technique et de précision", il faudrait travailler les ornements avec tous les doigts. Néanmoins, il faut tenir compte de la réalité : est-ce que ça va servir en trad' ?
Avec l'accordéon diatonique, on ne peut cependant pas toujours faire l'ornement qu'on veut sur la note qu'on veut, il faut adapter, dévier la ligne mélodique : ce qui fait qu'en trad les accordéonistes diatoniques peuvent avoir des interprétations très surprenantes et typées, à mon avis tellement plus que sur chroma...c'est la raison pour laquelle je continue le diato, j'aime bien avoir un instrument limité et faire avec !
En avant blonde
Des cuts, un mordant et un "triplet".
Quelques subtilités rythmiques pour la deuxième phrase, pas facile au début de s'y retrouver !
Avec des mordants : le mordant a un effet rythmique, et ornemente dans l'ordre le Do (8 tiré), le Si (7 poussé) etc.
Avec des triolets : les notes s'entendent mieux, l'effet est mélodique.
Des doubles croches ; voire des triples croches quand on peut ! Si je les place toujours au même endroit, la fonction n'est pas la même : ces double-croches ont pour fonction d'amener la note suivante, soit le La (7 tiré), puis le Sol (6 poussé).
Valse à Joseph
"Simplement" cuts et mordants.
La tarentelle
Plus complexes, ces "long rolls" sont réalisés à la manière "Joe Derrane", accordéoniste surdoué !
The Birl's reel
Un reel que j'ai composé pour travailler les "triplets", et quelques subtilités rythmiques. J'utilise pour ma part "majeur-index-majeur" pour les triplets ; ce n'est qu'une solution, trouvez la votre si celle-ci ne vous convient pas !...et apprenez à ne pas avoir les doigts systématiquement sur les mêmes touches, genre l'index sur le 6, le majeur sur le 7 etc...déplacez votre main !!
Pourquoi "Birl" ??? Une appellation de cornemuse écossaise : un ornement que j'aimais beaucoup jouer sur cet instrument ; le Birl sur cornemuse est l'équivalent du triplet. C'est aussi la raison pour laquelle on le trouve beaucoup en musique écossaise, par exemple chez Phil Cunningham (pour le plus connu). J'ai d'ailleurs composé ce reel en utilisant le mode "myxolidien", nom barbare qui désigne la "gamme" de la cornemuse écossaise.